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Protection Civile et Operations d'Aide Humanitaire Européennes
© PAM (photographe: Mohamed Elamin)
Soudan

Introduction

De violents conflits armés ont éclaté à Khartoum, le 15 avril, entre les Forces armées soudanaises et les Forces de soutien rapide. Ces conflits se sont rapidement propagés à la périphérie, impliquant d’autres acteurs, notamment le Darfour et le Kordofan du Sud.

Le conflit est mouvant et imprévisible. Les parties belligérantes sont lourdement armées dans des zones très peuplées, avec des conséquences dévastatrices pour les civils. En juillet 2023, la Cour pénale internationale a ouvert une enquête sur les allégations de crimes internationaux commis au Darfour.

Ce développement fait suite à une longue période d’impasse politique, suite au coup d’État militaire de 2021. Avant ce déchaînement de violence, l’instabilité du pays sur le plan politique, économique et de la sécurité, combinée à de mauvaises récoltes avait déjà provoqué la pire crise humanitaire de la décennie.

Le conflit en cours va encore aggraver les vulnérabilités actuelles et en créer de nouvelles. L’UE a intensifié son aide humanitaire pour soutenir les plus vulnérables.

Quels sont les besoins ?

Événements récents

Le conflit a infligé d’immenses souffrances à la population. Toutefois, en raison de la violence extrême du conflit et de limites en termes de communication et d’accès, il est presque impossible de calculer le nombre exact de pertes humaines. Des manquements au droit international relatif aux droits de l'homme et au droit humanitaire international ont été signalés par tous les acteurs du conflit.

En 2023, le Soudan est devenu le deuxième pays le plus dangereux au monde pour les travailleurs humanitaires, au moins 19 d’entre eux y ayant perdu la vie. Le personnel et les infrastructures médicales sont de plus en plus pris pour cibles, avec 56 attaques vérifiées par l’Organisation mondiale pour la santé depuis le 15 avril.

Partout dans le pays, 80 % des établissements de santé situés en zones de conflit sont considérés comme non opérationnels en raison d’attaques ciblées, d’occupation, de pillages de médicaments et de fournitures et de manque de personnel et de fournitures médicales.

La perturbation des services de santé publique de base, ainsi que le début de la saison des pluies et le manque d’accès à l’eau et aux systèmes d’assainissement entraînent l’apparition d’épidémies. Des maladies qui étaient jusqu’à présent sous contrôle, comme le paludisme, la rougeole, la dengue et la diarrhée aqueuse aiguë, ont fait leur retour.

Des pénuries de nourriture, d’eau potable, de médicaments, d’espèces et de carburant, ainsi que des difficultés de communication et électriques sont signalées dans tout le pays.

Le conflit a aussi engendré d’immenses besoins de protection, notamment en termes d’aide psychosociale et à la santé mentale, de services dédiés à la prise en charge des violences sexuelles et sexistes et de protection de l’enfance.

Quelque 8,6 millions d’enfants ont besoin d’une aide humanitaire d’urgence pour leur éducation, soit 5 millions de plus qu’avant le début du conflit en avril 2023. Les signalements de munitions non explosées sont, par ailleurs, de plus en plus nombreux à Khartoum et dans d’autres zones urbaines.

View of a group of people stiing in rows.
The needs are already enormous and growing.
© European Union, 2023 (photographer: Silvya Bolliger)

Le conflit provoque d’importantes vagues de déplacements forcés, plus de millions de personnes déplacées ayant été signalées à ce jour. Sur ce nombre :

  • Plus de 4 millions de personnes, dont au moins 2 millions d’enfants d’après l’UNICEF, sont déplacées à l’intérieur du pays.
  • Plus de 1 million de personnes ont fui le pays. La grande majorité d’entre elles sont des femmes et des enfants en situation d’extrême vulnérabilité. Ils représentent plus de 90 % des nouveaux arrivants recensés en République centrafricaine et au Tchad.

La plupart des personnes déplacées au Soudan et dans les pays voisins ont un besoin critique de protection et d’aide humanitaire de base telle que nourriture, eau, abri, services de santé, et notamment de services psychosociaux et de santé mentale.

Au-delà des déplacements transfrontaliers à grande échelle, la multiplication des acteurs armés et des attaques dans les zones frontalières constitue une grave menace pour la sécurité dans la région. Les pays voisins du Soudan sont, eux aussi, confrontés à des difficultés internes.

En plus du conflit, la saison des pluies affecte les zones qui accueillent le plus grand nombre de personnes déplacées au Soudan et dans la région. Ceci ne fait que compliquer l’accès aux communautés éloignées.

Parallèlement, des milliers de personnes attendent de franchir la frontière, bloquées à cause d’une vague de chaleur qui touche l’Égypte et le Soudan du Nord.

Principaux besoins avant avril 2023

Avant le conflit en cours, le nombre de personnes ayant besoin d’aide avait déjà augmenté pour la 5e année d’affilée pour atteindre 15,8 millions, soit un tiers de la population. Ce nombre est trois fois supérieur à celui de 2017.

L’augmentation des besoins humanitaires dans le pays a été favorisée par :

  • sa situation politique fragile,
  • un déclin économique et une inflation continus,
  • une insécurité et une violence croissantes en périphérie,
  • des déplacements de population durables et nouveaux,
  • les inondations, sécheresses et épidémies.

L’insécurité alimentaire était à son niveau le plus élevé de ces dix dernières années, avec 11,7 millions de personnes en situation de famine aiguë (un quart de la population). Le Soudan était un des pays qui comptait le plus grand nombre de personnes en situation d’insécurité alimentaire d’urgence (IPC4), avec 3,1 millions de personnes concernées.

Plus de 3 millions d’enfants de moins de 5 ans souffraient de malnutrition aiguë, dont 650 000 de malnutrition aiguë sévère.

Le pays comptait environ 3,8 millions de personnes déplacées à l’intérieur de ses frontières, dont plus de 418 000 nouveaux déplacements en 2022, pour fuir les combats et les conflits tribaux, les inondations et les incendies.

Le Soudan accueillait plus de 1,1 million de réfugiés (un nombre parmi les plus élevés d’Afrique), qui avaient presque tous besoin d’une aide humanitaire.

L’instabilité politique du pays avait entraîné une réduction drastique de sa capacité financière à répondre à ses besoins croissants et à assurer les services essentiels. Les bailleurs de fonds étaient devenus moins nombreux et l’écart entre les besoins humanitaires et les ressources disponibles se creusait.

L’environnement dans lequel intervenaient les organisations humanitaires était soumis à de plus en plus de restrictions qui nuisaient à l’efficacité et à l’efficience des programmes et retardaient l’acheminement de l’aide et des services jusqu’aux personnes qui en avaient besoin.

Depuis le début du conflit en avril 2023, on estime qu’environ 25 millions de personnes, dont 13 millions d’enfants, ont besoin d’une aide humanitaire d’urgence dans le pays, soit plus de la moitié des habitants du Soudan.

Carte Soudan

En quoi consiste notre aide ?

Réaction d’urgence récente

L'UE exhorte toutes les parties prenantes du conflit à respecter l’ensemble des dispositions du droit international humanitaire, y compris en ce qui concerne la protection des civils et de l’espace humanitaire.

La sécurité des travailleurs humanitaires, des installations et des actifs doit être garantie afin qu’une aide d’urgence puisse être apportée aux personnes affectées, notamment :

  • en levant les restrictions de circulation du personnel humanitaire et en accordant des autorisations de déplacement pour qu’il puisse se rendre au-delà de Port-Soudan,
  • en délivrant des sauf-conduits aux travailleurs humanitaires et en leur offrant des garanties d’accès et de circulation par voie routière et aérienne,
  • en accélérant la délivrance de visas afin de pouvoir renforcer les activités humanitaires,
  • en facilitant le passage en douane afin d’accélérer les importations de fournitures, elles aussi critiques,
  • en assurant une circulation sans danger des équipes humanitaires et des fournitures sans escortes armées, qui mettant en péril leur sécurité, leur indépendance et leur neutralité.

Lorsque le conflit a éclaté, l’UE a mobilisé des fonds de sa Boîte à outils d’urgence et alloué pour € 800 000 d’aide aux sociétés du Croissant-Rouge du Soudan et d’Égypte, de la Croix-Rouge éthiopienne et de la Croix-Rouge sud-soudanaise.

Les programmes humanitaires financés par l’UE sont en train d’être adaptés, lorsque c’est nécessaire, à la nouvelle situation. Nous avons également apporté un aide d’urgence immédiate de € 350 000 aux personnes qui se sont réfugiées au Tchad.

Aid workers and local people seen from the back, walking on a sandy road.
EU and UNHCR experts at the Sudan-Chad border. Around 40,000 people – Sudanese refugees and Chadian returnees – have crossed the border since the outbreak of the conflict in Sudan.
© UNHCR/Aristophane Ngargoune

Dans le cadre de la Capacité d’intervention humanitaire européenne (EHRC), nous avons mené à bien 2 opérations de pont aérien humanitaire au Tchad et au Soudan depuis le début de la crise.

Entre mai et juillet, l’UE a livré environ 400 tonnes de fournitures humanitaires par le biais de 6 vols à destination du Soudan et 3 vols à destination du Tchad.

Au début de la crise, nous avons dépêché des experts humanitaires dans les zones situées à la frontière avec le Tchad, l’Égypte, l’Éthiopie et le Soudan du Sud, pour évaluer la situation, les problèmes, les lacunes et les besoins.

À Adré, au Tchad, une piste d’atterrissage est en cours de rénovation et d’extension. Une capacité de stockage de l’EHRC a été mise à disposition des partenaires humanitaires. Des vols d’aide humanitaire sont en train d’être organisés pour transporter des partenaires humanitaires dans l’est du Tchad.

Aide humanitaire de l’UE dans le pays

En 2023, l'UE a mobilisé plus de € 126 millions pour organiser une intervention humanitaire au Soudan.

€ 73 millions ont d’abord été alloués. Lorsque le conflit a éclaté, nous avons débloqué € 60 millions supplémentaires (€ 52 millions pour le Soudan, € 7 millions pour le Tchad et € 1 million pour le Sud-Soudan). Ces sommes viennent s’ajouter aux fonds alloués aux différentes Sociétés du Croissant-Rouge et de la Croix-Rouge au début de la crise et mentionnés plus haut.

La contribution totale de la Commission pour faire face à la crise soudanaise au Tchad s’élève à € 18,6 millions.

À l’occasion d’une conférence de donation organisée en juin 2023, l’UE et ses États membres se sont engagés à mobiliser € 272,5 millions d’aide humanitaire, de coopération au développement et de stabilisation.

L'aide humanitaire de l'UE fournit aux communautés des soins de santé et nutritionnels, des espèces, une aide alimentaire, un accès à l’eau et un assainissement, un hébergement, une protection et une éducation aux ménages les plus vulnérables (personnes déplacées à l’intérieur du pays, familles de réfugiés et communautés d’accueil).

L'UE contribue aussi à la nutrition et aux soins des enfants de moins de 5 ans et des femmes enceintes ou allaitantes au Soudan.

Depuis 2013, l'UE a consacré près de € 700 millions d'aide vitale aux personnes touchées par les conflits, les pénuries alimentaires et la malnutrition, les risques naturels ou les épidémies.

L'UE continue de promouvoir le respect du droit international humanitaire, pour garantir un accès sans entrave et sûr à l'aide humanitaire ainsi que la protection des civils.

Dernière mise à jour: 15/09/2023

Faits & chiffres

24,7 millions de personnes ayant besoin d’une aide humanitaire (au 17/05/2023)

On estime que 20,3 millions de personnes étaient en situation d’insécurité alimentaire aiguë (phase 3 ou supérieure de l’IPC) entre juillet et septembre 2023.

Plus de 5,1 millions de personnes nouvellement déplacées depuis le 15/04/2023 : (au 05/09/2023)

  • Plus de 4 millions de personnes déplacées à l’intérieur du pays
  • 1,1 million de personnes ayant franchi la frontière

Avant la crise, le Soudan comptait déjà 3,8 millions de personnes déplacées à l’intérieur du pays et plus de 1,1 million de réfugiés.

Aide humanitaire de l’UE :
Plus de € 126 millions en 2023
Près de € 700 millions depuis 2013